vendredi 5 décembre 2014

Why not company: Des pochettes à préservatifs chics et élégantes



Á l’occasion de la semaine internationale de lutte contre le Sida, NQT a rencontré deux jeunes entrepreneurs qui ont décidé de créer des pochettes pour préservatifs. En effet, Camille Colin et Yoav Lévy ont voulu faire de ces pochettes un accessoire de mode qui permet d’avoir sur soi et à n’importe quel moment un préservatif sans en avoir honte favorisant ainsi leur utilisation et la prévention contre les MST et le VIH, qui concerne encore 150 000 personnes en France, dont 6372 nouveaux cas en 2012.

NQT : Racontez-nous vos parcours respectifs.

Camille Colin : J’ai fait une école de commerce en cinq ans, l’European Business School. Avec cette école, j’ai eu un parcours plutôt international. Je suis partie en troisième année à Madrid et à Hong Kong, où j’ai aussi fait un stage. Enfin, j’étais en dernière année à McGill à Montréal. Ma formation est en outre très axée sur les projets de création d’entreprises. On faisait beaucoup de concours entre chaque élève. J’ai toujours aimé faire ce type de projet, c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie d’entreprendre plus tard et de créer Why not company.

Yoav Lévy : J’ai fait un Bachelor [l’équivalent de la licence] en négociation et vente à l’école de commerce l’INSEEC. Je réalise actuellement une année de césure pour lancer Why not company. Je prévois ensuite de faire un Master en alternance afin d’être présent la moitié du temps en entreprise et l’autre partie à l’école.

NQT : Quand vous est venue l’idée de créer Why not company ?

Camille Colin et Yoav Lévy : On a parlé pendant six mois de l’idée d’ouvrir une boîte. En septembre 2013, on a commencé à discuter, notamment du produit et non réellement de la création d’une entreprise. Pour nous, c’était un produit à inventer, mais il a fallu du temps pour qu’on décide de se lancer. On avait déjà tous les éléments pour le faire, donc on s’est demandé pourquoi on ne le ferait pas. La semaine d’après, on est parti en voyage au Maroc pour le fabriquer.

NQT : Pourquoi avoir choisi le Maroc ?

Camille Colin: On voulait que notre produit sorte pour l’été, car notre pochette s’accorde bien avec cette saison, qui est une période où l’on fait des rencontres…On avait peu de temps et il fallait qu’on trouve des fournisseurs pour le faire. Le Maroc s’est alors imposé, car Yoav a beaucoup travaillé avec ce pays comme grossiste et distributeur de produits alimentaires avec la première entreprise qu’il avait créée. On savait qu’on trouverait une société avec une expertise en maroquinerie capable de réaliser notre produit en peu de temps. En France, on aurait mis un an minimum avant de le lancer et le budget aurait été plus important. C’était un choix. On avait vraiment envie de fabriquer rapidement et au mieux nos pochettes sans louper une saison.

Yoav Lévy : Notre objectif à terme est d’avoir une collection française. On a d’ailleurs déjà commencé à se renseigner et à démarcher des fournisseurs.



NQT : Combien de modèles existent-ils pour l’instant ?

Camille Colin : On a développé pour le moment un seul type de modèle pour la pochette de préservatif avec plusieurs couleurs. On a fait ce choix pour des raisons techniques. Par exemple, on n’a pas fait de pochettes avec des fermetures éclairs, car le préservatif peut se coincer. On a fait un seul modèle, car on a voulu qu’il soit le plus efficace possible, pour qu’il ne tombe pas quand on le secoue entre autres. Notre pochette a été pensée pour ça.

Yoav Lévy : Le produit qu’on a fabriqué est pour nous celui qu’on voulait. Il correspond le mieux au concept en termes de praticité, d’esthétisme, de qualité et de protection. Il rassemble en fait tous ces points-là à la perfection. On envisage aussi de créer d’autres collections prochainement.

NQT : Quels sont vos projets ?

Camille Colin : On a prévu de faire une étude auprès de nos clients pour avoir leurs avis sur de nouveaux modèles. On est une start-up et il est important pour nous que les consommateurs soient impliqués dans le processus de production, car on crée pour eux.

Yoav Lévy : Par exemple cette semaine, on nous a demandé des pochettes avec une chaîne accrochée à la ceinture. C’est un modèle auquel on n’avait pas pensé et qu’on va peut-être réaliser pour certaines personnes qui le désirent. Après, cela reste des petites collections ciblées pour des gens qui veulent certaines spécificités.

Camille Colin : On va aussi lancer une campagne de crowdfunding (financement participatif) en février 2015, car on veut faire une collection en cuir qu’on avait prévue et qui est demandée. En outre, on souhaite fabriquer d’autres produits en cuir, qui sont différents et qui ne sont pas liés aux préservatifs. Pour cela, on va faire appel aux consommateurs pour qu’ils nous aident à monter le projet.

NQT : Il s’agit de quel type de produits ?

Camille Colin : On ne peut pas le dévoiler, mais ça sera toujours dans le même concept : être chic en toutes circonstances.

Yoav Lévy : Le but sera d’améliorer le quotidien avec un produit chic, glamour et raffiné. C’est notre cœur de métier. On veut faire des produits innovants qui n’existent pas forcément aujourd’hui ou qui existent et qui ne sont pas du tout adaptés à des besoins particuliers. Ils seront disponibles dans l’idéal fin mars ou début mai 2015 pour que le consommateur puisse préparer l’été.

NQT : Pourquoi avoir choisi ce nom de société « Why not Company » ?

Camille Colin : Ce nom vient de l’histoire de notre entreprise, puisque du jour au lendemain on s’est dit : « Pourquoi pas ? Pourquoi on ne le ferait pas ? ». On voulait un nom international, qui puisse être prononcé par tout le monde. On se rend compte également quand on entend nos amis parler qu’ils disent souvent « why not ? », cette expression est rentrée dans le vocabulaire. Nos amis l’utilisent d’ailleurs d’autant plus depuis qu’on a créé notre société à force d’entendre notre nom.

Yoav Lévy : On voulait aussi traduire une énergie positive, un état d’esprit libre et créatif. C’est ce qu’on désire montrer avec notre souci d’élégance en toutes circonstances. En effet, on aimerait que les gens se disent : « si j’ai envie de faire ça, pourquoi je ne le ferais pas ? ». Nous, on a hésité six mois avant de lancer notre entreprise, mais on se demande pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt. On est jeunes et on n’est pas limités, donc on peut le faire et vous pouvez le faire. On essaye de traduire cette énergie positive à travers notre nom en offrant des produits innovants qui n’existent pas.

Camille Colin : C’est la philosophie de la boîte qu’on voulait transmettre dans son nom, car on fabrique des produits de maroquinerie certes, mais qui changent de l’ordinaire, qui n’existent pas et qui ont chacun une histoire.

NQT : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs ?

Camille Colin et Yoav Lévy: Il faut se lancer, ne pas se mettre de barrière et oser. On doit être motivé et déterminé. On a une phrase sur notre site : « Les seules limites que l’on dépasse ce sont celles des autres », dans le sens positif du terme. Certains ont peur de le faire et ils vont vous dire que ce n’est pas possible. Ils vont vous demander pourquoi vous créez votre société et vous conseillez de d’abord travailler dans une entreprise pour avoir de l’expérience. On peut faire ce choix, ou alors choisir d’ouvrir sa boîte, car on a toujours eu une idée et que c’est le bon moment maintenant. Effectivement, quand on a toutes les clés en main, il ne faut plus avoir peur et se lancer tout en y réfléchissant. Ce n’est que du positif, car l’entrepreneuriat forme énormément. On touche à tout, puisque même si on fait du marketing, on va travailler aussi sur la partie financière ou la communication par exemple.

NQT : Quelle a été votre principale difficulté ?

Camille Colin : On s’est rendu compte d’une chose simple : rien n’est gratuit et tout est payant. Même sur Facebook avec 1000 ou 2000 fans, lorsqu’on publie quelque chose, Facebook va nous bloquer. Notre publication ne sera vu que par 100 personnes, voire moins. De plus, on n’a pas les moyens des grandes marques. On ne peut pas avoir des affiches dans le métro ou des spots publicitaires à la radio. Le plus gros frein quand on est une start-up c’est de se faire connaître. C’est pour cela que l’été dernier, on est partis sur le terrain. Nous sommes allés sur les plages de la Côte d’Azur pour rencontrer les jeunes. On a distribué des flyers. On a même mis et donné des casquettes au cours d’une soirée. Tout le monde en voulait et le DJ s’est également retrouvé avec une casquette. Les gens ont alors cru que la soirée était sponsorisée par nous, alors que ce n’était pas fait exprès. Au final, cela ne nous a pas extrêmement coûté et on a réussi à se faire connaître par plein de jeunes.

Yoav Lévy : Si on n’avait pas été sur le terrain, on n’aurait pas pu faire la moitié de ce qu’on a fait aujourd’hui et rencontré autant de monde, dont des professionnels.

Leur site Internet: http://www.why-not-company.com/.


Yoav Lévy

Camille Colin

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