dimanche 22 septembre 2013

Ferdinand Hodler, chef de file de la modernité

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Jusqu’au 3 février 2008, le musée d’Orsay organise la première rétrospective de Ferdinand Hodler, un peintre suisse symboliste. Magnifique !

81 tableaux majeurs jalonnant la carrière de l’artiste de 1870 à 1918, deux cabinets d’arts graphiques regroupant ses dessins, une quarantaine de photographies du peintre et de son atelier prises essentiellement par Gertrud Dubi-Müller, une amie d’Hodler. Voici ce que nous propose de découvrir le musée d’Orsay au cours de cette exposition exceptionnelle. En contrepoint de la peinture de Ferdinand Hodler, Helmut Federle, l’un des plus importants peintres abstraits contemporains, a accepté de montrer quatre de ses dessins et un grand tableau, 4.4 the Distance.

Les débuts réalistes

Né à Berne en 1853, Ferdinand Hodler s’installe à Genève, considérée comme le principal centre artistique de Suisse, en 1871. Il devient l’élève du peintre Barthélémy Menn, qui lui fait découvrir Corot, l’école de Barbizon et Courbet. Le réalisme devient alors une de ses sources d’inspiration. Mais il n’arrive pas à imposer ses œuvres, malgré le soutien d’écrivains et de critiques.

Néanmoins, dès ses débuts, le réalisme hodlérien laisse présager une tout autre orientation. En effet, ses peintures mènent à une réflexion sur la destinée humaine et sur un ordre de la nature. Cela se traduit par une frontalité stricte et l’apparition de la symétrie, qui est plus visible dans ses œuvres symbolistes.

Trois grandes œuvres symbolistes

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La NuitLe Jour et La Vérité sont les trois grandes peintures de cet artiste hors du commun. Elles représentent l’évolution et l’avènement du courant symboliste, qui influence Hodler tout au long de sa vie.
La Nuit est son premier chef-d’œuvre. Le réalisme des nus inscrit cette œuvre dans la lignée de ses précédents tableaux. Mais une vision profondément pessimiste et la présence de personnages fantastiques, comme le fantôme de la mort marque une rupture et annonce les grands thèmes présents dans ses prochains tableaux.
Le Jour s’oppose à La Nuit même si son caractère symbolique reste intact. Ce tableau représente l’éveil à la splendeur de la lumière.
Quant à La Vérité, elle est le point d’aboutissement de La Nuit. Le mensonge y est chassé par la Vérité, incarnée par une femme nue, dont le modèle est Berthe Jacques, épouse du peintre depuis 1898. La femme représente pour Hodler une pureté au diapason de la beauté du monde.

L’importance de la nature

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Tout comme Courbet et Cézanne, le paysage a une grande place dans l’œuvre d’Hodler à partir de 1900. Réalistes ou abstraites, ses peintures représentant la nature sont toutes aussi belles les unes que les autres. Elles révèlent le talent de ce peintre pourtant méconnu en France. Elles se caractérisent par le principe du parallélisme, c’est-à-dire une « répétition de formes semblables » et une simplification « dégagée de tous les détails insignifiants ». Les paysages de son pays natal sont nombreux. Il magnifie la Suisse et peint de somptueux paysages comme celui du lac de Thoune, intitulé Le Lac de Thoune aux reflets.

Un peintre nationaliste

À partir de 1896, Hodler se voit confier d’importantes commandes publiques, en Suisse et en Allemagne. Il doit alors peindre des éléments caractérisant l’histoire suisse en privilégiant les événements glorieux, comme La Bataille de Morat, qui est un épisode décisif de la guerre de Bourgogne (1474-1477). Des peintures de figures emblématiques sont également effectuées par Hodler, telles que Le Bûcheron. Plusieurs exemplaires en sont déclinés par le peintre. Ses tableaux de bûcherons et de faucheurs deviennent de véritables icônes.

La hantise de la mort

Confronté à la mort depuis sa plus tendre enfance à cause du décès de ses parents, il aborde ce thème à travers différents types de peinture : paysages où les formes sont réduites à des lignes horizontales, œuvres symboliques avec des fantômes de la mort… Cette dernière est aussi présente dans ses tableaux du cycle de Valentine. En 1914, cette maîtresse, dont il était fou amoureux, est atteinte d’un cancer inguérissable. Il assiste impuissant à sa déchéance. Il décide alors, pour combattre cette dure réalité, d’effectuer 200 dessins et peintures représentant la fin de sa vie. Il livre ainsi à la postérité des œuvres brutes, marquant l’aboutissement de son travail artistique.
                                                                                         
Grande photo : 
Le Lac de Thoune aux reflets (1904). Huile sur toile 89 x100 cm. Collection particulière. Institut suisse pour l’étude de l’art, Zurich.
Photo 1 : 
La Nuit (1889-1890). Huile sur toile 116 x 299 cm. Berne Kunstmuseum, dépôt du canton de Berne. Kunstmuseum, Bern.
Photo 2 : 
Le Bois des Frères. Huile sur toile. Soleure, Kunstuseum. Don Erica Peters-Schmid en mémoire de son père Rudolf Schmidt. Kunstmuseum Solothurn.

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