dimanche 22 septembre 2013

Polidoro da Caravaggio, un peintre-né

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Jusqu’au 28 janvier 2008, le musée du Louvre présente une cinquantaine de dessins de ce peintre du XVIe siècle, élève de Raphaël.

Né vers 1499 à Caravaggio, Polidoro arrive à Rome en 1514. Il commence sa carrière par un travail de peu d’envergure. En effet, il est employé comme porteur des auges de chaux pour les maçons lors des travaux de constructions des loges du palais pontifical. Il parvient néanmoins à se faire remarquer grâce à sa détermination par les artistes de l’atelier de Raphaël, qui dirigeait ce chantier. Il devient alors l’élève de ce dernier et obtient la glorieuse réputation du plus beau talent de l’équipe. 

Il se lie ensuite d’amitié avec Maturino, un peintre originaire de Florence. Ils se mettent à décorer ensemble les façades des palais romains dans le but de redonner à Rome son faste antique. Ils se distinguent par leur peinture en camaïeu, qui assurera leur pérennité. Cependant, leur association prend fin rapidement à cause du sac de Rome par les troupes de l’empereur Charles Quint en mai 1527. Maturino tombe gravement malade et meurt. 

Polidoro se réfugie alors à Naples, mais son art n’y est pas reconnu à sa juste valeur. Il se rend donc à Messine en 1528. Il demeure quinze ans en Sicile où il rencontre le succès tant attendu. En 1534, sa célèbre œuvre La Montée au Calvaire est d’ailleurs installée dans l’église Sant’Annunziata dei Catalani, à Messine. Malgré un carnet de commandes bien rempli, il décide de repartir pour Rome en 1543. Ce projet ne verra pourtant jamais le jour à cause de la cupidité d’un de ses élèves qui le tue pour lui voler son argent.

Une œuvre brute et instinctive

Polidoro da Caravaggio est avant tout connu en Europe pour être l’élève de Raphaël. Néanmoins, loin de tout classicisme, Polidoro a su très tôt s’affranchir de cette tutelle pour réaliser des dessins originaux par leur force qui n’est pas sans rappeler celle de Poussin. Ses œuvres peintes sur papier bleu et ses sanguines associent le talent de Michel-Ange et l’héritage de Raphaël tout en mêlant des éléments d’instabilités caractéristiques de son tempérament compulsif. 

Artiste irrégulier et excessif, comme le montre son dessin Célébration d’une messe, Polidoro sait également exceller dans des œuvres plus classiques telles que Les Noces d’Amour et Psyché, le seul tableau peint de l’artiste possédé en France et exposé ici. Polidoro aime aussi représenter des paysages dans ses sanguines et fait preuve d’un grand sens de l’observation, remarquable dans L’Enfant endormi et deux études de sa main droite. Cette œuvre caractérise d’ailleurs très bien le côté naturaliste de son art.

Néanmoins, la fin de sa carrière est marquée par la nostalgie. Cette tristesse fera ressortir un côté sombre dans ses œuvres qui n’était jamais apparu auparavant. Cet aspect explique son désir de retourner à Rome pour redonner un nouveau souffle à sa carrière, qui restera malheureusement inaboutie.

Photos : 
Inv 6073. Polidoro da Caravaggio. Etudes pour Saint Roch donnant la bénédiction à un pestiféré. Plume et encre brune. H. 00,122 m ; L. 00,172 m.
Inv 6093. Polidoro da Caravaggio. Dalila et sa servante coupant les cheveux de Samson endormi. Sanguine. La feuille a été agrandie pour l’adapter à la forme cintrée du montage. Collé en plein. Forme : cintrée. H. 00,163m, L. 00,188 m.


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